Ottawa/Riyad : tirs groupés de femmes sur la vente des armes canadiennes
Dans une lettre, des femmes prix Nobel, issues d’horizons divers, interpellent le gouvernement du Canada sur l’urgence de suspendre ce commerce controversé en raison des risques importants pour les populations, notamment au Yémen où les femmes seraient plus durement concernées, rapporte la Presse.
Selon ce journal, les prix Nobel ne souhaiteraient pas voir Ottawa poursuivre la livraison des blindés de la compagnie Ontarienne Genaral Dynamics comme décidé le 9 avril.
On se souvient que cette décision, intervenue plus d’un an après la suspension des ventes à la suite de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, avait été motivée par le désir du fédéral de sauver les emplois canadiens.
Le contrat de livraison des blindés avait été signé sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2014 et conclu par les libéraux de Justin Trudeau à leur arrivée au pouvoir.
Depuis, 50 % de la commande ont été livrés dans le cadre de ce contrat de 15 milliards de dollars avec Riyad. Bien que le nombre exact de blindés à livrer ne soit pas toujours clairement mentionné, d’aucuns estiment que la commande est assez importante et les gains substantiels pour le Canada. Des arriérés de 3,4 milliards de dollars sont rapportés sur la portion de la commande livrée.
Malgré les multiples mises en garde sur les possibilités d’un usage abusif de ce matériel militaire contre la population dans la région, Ottawa a assuré, lors du rétablissement de la livraison, que le contrat révisé ne portait aucunement atteinte aux valeurs canadiennes.
Dans une entrevue à Radio-Canada, le ministre des Affaires étrangères François Philippe Champagne avait alors affirmé que « tout —était certainement conforme aux valeurs canadiennes ».
Cette déclaration avait suscité une vive réaction du Nouveau Parti démocratique (NPD). Ce parti avait notamment dénoncé une volonté manifeste de la part des libéraux fédéraux de profiter de la situation de crise sanitaire actuelle pour aller de l’avant avec cette vente controversée.
Des constitutionnalistes, dont Daniel Turb, sont aussi montés au créneau pour dénoncer cette transaction qui porterait atteinte au traité des Nations Unies sur le commerce international des armes à feu en raison des violations possibles des droits de l’homme qui s’y rattachent.
Pour le professeur d’université qui a tenté à plusieurs reprises en vain de renverser ce contrat liant le Canada à l’Arabie-Saoudite, des preuves d’une utilisation abusive du matériel de guerre canadien par Riyad existeraient.
Bien qu’Affaires mondiales Canada ait réfuté un tel argument, la contestation est bien loin de s’estomper. La lettre des femmes Prix Nobel de la paix (Rigoberta Menchu Tum du Guatemala, Mairead Maguire d’Irlande du Nord, TawalKkol Karman du Yémen, Jody Williams des États-Unis, Shirin Ebady de l’Iran et Leymah Gbowee du Libéria ) aux responsables fédéraux vient s’ajouter à ce front de dénonciation du contrat lucratif.
Avec des informations de La Presse, du gouvernement fédéral et Radio-Canada
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